L’école traditionnelle utilisant quasiment toujours les mêmes méthodes que celles de Jules Ferry (1880), un élève de 2016 est encore principalement évalué selon les règles d’une intelligence unique basée sur l’apprentissage du français et du calcul.
Les enfants qui ne maitrisent pas suffisamment ces matières se retrouvent en situation d’échec scolaire, exclus du système et perdent assez rapidement toute confiance en eux.
Pourtant, être bon en calcul ou en français n’est pas une preuve d’intelligence, c’est seulement le signe que l’on obtient de bons résultats dans ces matières précises ce qui n’implique pas du tout que l’on obtiendra de bons résultats ailleurs …
Tout le monde n’est pas doué pour le français ou le calcul mais tout le monde est doué pour quelque chose et nous avons besoin de toutes les compétences des enfants, pas de leurs échecs…
Verra-t-on un jour le système scolaire traditionnel valoriser ce en quoi sont bons les enfants au lieu de les dévaloriser constamment à cause de ce qu’ils ne maîtrisent pas?
Si votre voiture tombe en panne la nuit au milieu de nulle part, qu’apprécierez-vous de voir arriver :
1) un mécanicien qualifié
2) un individu capable de conjuguer le verbe être à l’imparfait du subjonctif
3) un expert en calcul scientifique
« Tout le monde est un génie. Mais si on juge un poisson sur sa capacité à grimper à un arbre, il passera sa vie à croire qu’il est stupide. » – Albert Einstein
Bien entendu, il est utile de savoir lire, écrire et compter mais, si on ne bousculait pas les enfants avec ça dès leur plus jeune âge, comme si leur vie en dépendendait et qu’il y avait urgence, ils parviendraient tous à un résultat à leur rythme et à leur manière.
Chaque enfant possède ses formes d’intelligences et c’est uniquement en les utilisant qu’il peut apprendre, ce n’est certainement pas en enseignant en mode turbo et de la même façon à des enfants qui sont tous différents que cela peut fonctionner. D’ailleurs, cela ne fonctionne pas.
Le système n’a que faire de la valeur ou des capacités de l’individu, ce qui compte est de développer l’uniformité, la pensée unique ou mieux, ne pas développer de pensée du tout.
Le résultat de cet acharnement à vouloir à tout prix que tout le monde ait un bon niveau en français et en calcul est qu’une bonne partie de la population éprouve de grosses difficultés dans ces 2 matières.
Illettrisme : (informations fournies par l’Agence Nationale de Lutte Contre l’Illettrisme)
On parle d’illettrisme pour des personnes qui, après avoir été scolarisées en France, n’ont pas acquis une maîtrise suffisante de la lecture, de l’écriture, du calcul, des compétences de base, pour être autonomes dans les situations simples de la vie courante.
Des chiffres :
2,5 millions de la population adulte âgée de 18 à 65 ans ayant été scolarisée en France est en situation d’illettrisme soit environ 7% des français de métropole.
Ailleurs, l’illettrisme atteint des proportions bien plus élevées : 20 % en Guadeloupe et en Guyane, 23 % à La Réunion, 14 % en Martinique…
Des causes :
Un passé scolaire douloureux, des situations de rupture, de difficultés familiales, professionnelles, sociales, des situations de travail où le recours à l’écrit n’est pas nécessaire.
L’illettrisme commence donc bien là où l’enfant est censé apprendre à l’éviter : à l’école.
Les conséquences :
– développement d’un sentiment de dévalorisation de soi
– difficultés à communiquer, à s’exprimer, à échanger
– difficultés à utiliser des biens et des services, à accéder aux soins, au logement
– difficultés à accéder à l’information, à construire de nouvelles connaissances
– difficultés à accéder à l’emploi, à faire face aux changements dans son entreprise
– difficultés à participer à la vie sociale et culturelle
etc.
Le constat est clair, ces gens n’étaient pas illettrés avant de commencer leur apprentissage du français et du calcul, matières chéries de l’éducation nationale, alors, serait-ce que les méthodes d’enseignement ne sont pas bonnes?
Serait-ce que c’est l’école qui produit l’illettrisme?
Toutes les conséquences produites par l’échec de l’enseignement conduisent l’individu à une complète dévalorisation de ce qu’il est et en font une personne ayant de grandes difficultés à s’insérer ou simplement vivre dans la société.
Enfant, on leur a offert deux choix : être bon en calcul et en français ou être bon à rien.
Personne n’a suggéré qu’il pouvait y en avoir un troisième : être bon à autre chose.
Quand l’on grandit en entendant répéter que l’on ne vaut rien, on finit par ne rien valoir.
Et c’est dommage car, si l’école avait valorisé cet « autre chose » que tout le monde possède ces gens n’auraient probablement pas perdu confiance en eux ce qui leur aurait permis d’apprendre le français et le calcul à leur rythme, exactement comme ce fut le cas pour Hugues Aufray et tant d’autres célébrités dyslexiques!
La musique, l’art, la nature, le sport etc. sont des sujets dont l’apprentissage devrait avoir la même valeur que le français et le calcul car cela forme un ensemble dont l’enfant a besoin pour devenir un adulte épanoui …
Vous vous demandez peut-être pourquoi je raconte tout ça?
J’ai découvert récemment le programme de réforme de l’école vu par un parti politique que je ne nommerai pas, en voici les grandes lignes :
« L’accent sera mis dès la maternelle, et plus encore à l’école élémentaire, sur l’apprentissage des savoirs fondamentaux : français et calcul »
« Instauration de cours de français obligatoires pour les parents qui ne maîtrisent pas notre langue nationale […] »
Actuellement la France se classe 35e sur 37 pays en matière d’éducation et est championne en matière d’inégalités. Si l’on rend obligatoire dès la maternelle un système qui ne fonctionne déjà pas au niveau du primaire, nous courons simplement à la catastrophe. Au prochain rapport la France sera 37e….
Nous aurons un nombre encore plus important d’enfants exclus très jeunes du système à cause de cet acharnement à vouloir leur inculquer à tout prix le français et le calcul au mépris total de tout le reste !
Quant aux parents qui ne maîtrisent pas le français cet ambitieux « programme » ne précise pas quelles seront les bases d’évaluation utilisées pour juger qui maîtrise ou pas la langue mais, sachant qu’il y a déjà 2,5 millions de français dans cette situation rien qu’en métropole, je m’interroge sur les réelles méthodes de sélection qui seront employées !
Dévaloriser les enfants n’est pas suffisant, dévalorisons donc encore davantage les parents!
comme disait Coluche « Voilà une idée qu’elle est bonne » !
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